Hippolyte-Auguste Marinoni, né à Paris en 1823, orphelin de père de bonne heure, est placé en apprentissage dans la capitale à l’âge de douze ans. Dès octobre 1837, il obtient un brevet de tourneur-mécanicien. Il entre en 1838 chez le constructeur de machines typographiques Pierre-Alexandre Gaveaux (1782-1844). En 1850 et 1851, Marinoni participe aux premiers essais concluants de la rotative à bobine et à clichés cylindriques de Jacob Worms pour la presse périodique. Une première mondiale ! À partir de 1866, Marinoni, à la demande de Girardin pour le journal La liberté, dépose successivement deux brevets importants pour une presse rotative cylindrique à retiration et pour une machine typographique cylindrique à six margeurs. En novembre 1872 Marinoni livre toujours au journal La liberté une des premières « machines cylindriques à papier continu » de France. À partir de 1882 Marinoni prendra la tête du Petit Journal. En 1885 il transfert la direction de la Société Marinoni à Jules Michaud (1840-1921) son gendre pour ne s’occuper que de son pôle presse avec son autre gendre Marie-Désiré Cassigneul (1835-1906). Suivant de près la politique à la fois rédactionnelle, industrielle et financière de ses journaux, ce « Napoléon de la presse », comme l’ont surnommé les journalistes américains en 1890, va peser de tout son poids pour faire du Petit Journal un média à la fois de masse et de progrès en s’efforçant d’intéresser le plus grand nombre aux questions d’intérêt général, aux enjeux de la Revanche et aux valeurs de la IIIe République. Il va ainsi influencer et marquer jusqu’à nos jours le monde de l’information et de la presse occidentale. Marinoni est emporté en janvier 1904 par la tuberculose.
Malgré ses difficultés, après l’affaire Dreyfus, l’organe phare du groupe de presse de Marinoni lui survivra 40 ans, pour ne disparaître qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, après être passé par les mains du colonel de La Rocque. La Société Marinoni, de son côté, sera absorbée totalement par la société Harris, pour être rebaptisée en 1982 Harris-Marinoni S.A. À son tour cette société sera absorbée par le groupe allemand Heidelberg-Druckmaschinen AG. À la faveur de cet achat, Heidelberg-Harris S.A. accède à partir de 1991 au rang de premier constructeur mondial de machines à imprimer. Il devient Heidelberg Web Press, à partir de 1995, puis Heidelberg Web Systems, depuis 1999. Cette société est toujours installée sur le site historique de Montataire (Oise).
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Le Ray, Éric. Hippolyte-Auguste Marinoni (1823-1904). Cahiers GUTenberg, Un siècle et demi d’imprimerie, no. 43 (2003), pp. 33-99. http://archive.numdam.org/item/CG_2003___43_33_0/