l'article, tout d'abord critique certains aspects de la manière dont Martin Carrier caractérise l'incommensurabilité sémantique à partir d'une théorie contextuelle du langage, puis introduit des distinctions et fait des propositions en vue de poursuivre le même projet. On soutient que deux conceptions différentes de la notion de ‘conditions d'application', et corrélativement deux acceptions distinctes de la clause ‘préservation des relations inférentielles', sont à l'œuvre dans la caractérisation de Carrier, et que sa thèse centrale ne tient que grâce aux déplacements de sens correspondants. On suggère de remplacer cette thèse - selon laquelle les concepts incommensurables sont ceux qui sont intraduisibles au sens spécifique où ils ont soit mêmes conditions d'application soit mêmes relations inférentielles mais jamais les deux à la fois -, par une caractérisation qui, d'un point de vue méthodologique, accorde une primauté aux relations inférentielles. Cette caractérisation est pour l'essentiel constituée : d'une part de la thèse (kuhnienne) selon laquelle les concepts incommensurables sont avant tout ceux qui présentent des relations inférentielles largement non superposables ; d'autre part d'une analyse des liens existant entre relations inférentielles et conditions d'application, en particulier d'une réflexion sur les conditions auxquelles certaines relations inférentielles peuvent et doivent être identifiées à des conditions d'application.
In this article I present, first, a criticism of certain aspects of the way Martin Carrier characterizes semantic incommensurability on the basis of a contextual theory of language. Subsequently I introduce some distinctions and put forward some proposals in order to pursue the same project. It will be argued that two different conceptions of the notion “conditions of applications” and, correlatively, two different meanings of the clause “preservations of the inferential relations”, are involved in Carrier's characterisation, and that his central tenet holds only thanks to the corresponding meaning-shifts. According to Carrier's thesis, the incommensurable concepts are those that are untranslatable in the following specific sense: they have either the same conditions of application or the same inferential relations, but they never satisfy both determinants at the same time. I suggest to replace this thesis by a characterisation that, from a methodological point of view, grants logical priority to the inferential relations. This characterisation is mainly based: on one side on the Kuhnian claim that the incommensurable concepts are those who have largely non superimposable inferential relations; on the other side on an analysis of the links between inferential relations and conditions of application, particularly on a reflection concerning the conditions under which some inferential relations can and should be equated with conditions of application.
@article{PHSC_2004__8_1_107_0, author = {Soler, L\'ena}, title = {Characterizing incommensurability on the basis of a contextual theory of language}, journal = {Philosophia Scientiae}, pages = {107--152}, publisher = {\'Editions Kim\'e}, volume = {8}, number = {1}, year = {2004}, language = {en}, url = {http://archive.numdam.org/item/PHSC_2004__8_1_107_0/} }
Soler, Léna. Characterizing incommensurability on the basis of a contextual theory of language. Philosophia Scientiae, Le problème de l’incommensurabilité un demi-siècle après, Tome 8 (2004) no. 1, pp. 107-152. http://archive.numdam.org/item/PHSC_2004__8_1_107_0/